La première rencontre Cosquer de ce 7 octobre a réuni d’éminents spécialistes. Bien qu'elle ne soit pas accessible tout de suite, cela laisse présager les futurs débats passionnants comme :
- Quelles sociétés préhistoriques révèlent la grotte Cosquer ?
- Quelles faunes sur le littoral provençal au paléolithique ? avec des découvertes sur le grand pingouin, les antilopes saïgas ou le phoque moine de Méditerranée.
- Quelles techniques de datation pour les peintures pariétales ?
- Et bien d’autres questions passionnantes comme le projet de reconstitution de la Grotte lui-même et les technologies employées. Là-dessus, nous pouvons vous révéler que vous serez presque sous l’eau avec 90% de la grotte qui se révèlera sous vos yeux et la totalité des dessins et gravures…
Petit rappel : la découverte de la grotte
En 1985, le plongeur Henri Cosquer découvre au cours d’une de ses plongées, une grotte immergée, située dans les calanques de Marseille. C’est dans la calanque de la Triperie vers Morgiou, où Cosquer a emprunté un boyau immergé d’une longueur d’environ 171 mètres pour ressortir et découvrir à 37 mètres de fond, ce trésor archéologique.
Dotée d’une foultitude de gravures, de mains et de gravures symboliques non identifiées, la grotte restera « sa » découverte qu’il fera visiter à quelques plongeurs.
En 1991, trois plongeurs grenoblois disparaissent, Cosquer est sollicité pour aller les chercher, ils ont entendu parler de la grotte et s’y sont rendus sans précaution. Ils y perdront la vie. En revanche, cette macabre découverte pousse Henri Cosquer à dévoiler l’existence de la grotte. Pour la faire expertiser, Cosquer emmène des dizaines de photos des dessins au service « découvertes sous-marines ».
Les trésors préhistoriques
En septembre 1991, Jean Courtin, préhistorien français, spécialiste des périodes du Néolithique et de l'Âge du bronze, réalise la première datation du site, qui prouve son ancienneté exceptionnelle et rend compte au Ministère de la culture. La première campagne d'étude programmée de la grotte s'effectue fin 1994, où il entame le relevé des dessins et gravures. On y trouve des représentations animales, des mains négatives ou positives et des signes laissés sur les parois de la grotte par l'homme
29 000 ans et 21 000 ans avant le présent. En 2002, le préhistorien Jean Clottes se joint à lui et de juillet à septembre 2003, Jean Courtin et Jean Clottes réalisent ensemble la 3e et dernière campagne d'étude.
A l’époque où l’homme préhistorique fréquentait et habitait la grotte, le niveau de la mer était plus bas d’au moins 40 mètres et la ligne de rivage se situait à environ 6 kilomètres de là.
La grotte engloutie a connu une occupation longue et quasi ininterrompue de -33 000 à -19 000, elle comprend plus de 270 œuvres d’art pariétal exceptionnelles, des représentations uniques d’animaux marins tels que les pingouins, les phoques, les méduses, mais aussi de nombreux chevaux, bisons et aurochs. Les parois sont également recouvertes de représentations humaines rares dont « l’homme tué » et des symboles sexuels, des tracés digitaux sur des portions entières de voûtes, réalisations picturales avec des outils, en tout près de 500 représentations peintes et gravées par la main de l’homme.
Véritable fenêtre sur la vie du passé, des vestiges d’activités humaines sont trouvés. Des objets ou des foyers avec charbons (issus de torches et de lampes à la graisse animale) jonchent la grotte, ils permettront ainsi aux nouvelles technologies de dater de façon sûre la découverte. Cet ensemble exceptionnel n’a pas encore livré tous ses mystères et enseignements.
Un patrimoine hors du commun en danger
L’accès difficile et dangereux de la grotte par 37 mètres de fond et un tunnel de 171 mètres de long précédant l’entrée, a imposé une interdiction d’accès au public, pour la préservation de ces décors, ainsi que pour des raisons de sécurité.
De plus l’inexorable montée du niveau de la mer condamne la grotte à une disparition certaine avec son patrimoine inestimable. Tous ces motifs ont motivé le projet de reconstitution de la grotte. La réplique permettra d’exposer les trésors de ce lieu inaccessible.
Une phase de deux ans et demi de travaux, menée par des entreprises spécialisées et ayant notamment contribué à la réalisation de la Grotte Chauvet 2 en Ardèche, aboutira à l’ouverture de la réplique de la Grotte Cosquer en juin 2022.
C’est la société Kléber Rossillon qui concevra réalisera et exploitera ce centre d’interprétation dédié à ce joyaux unique de l’art pariétal au sein de la Villa Méditerranée, en bord de mer, à Marseille.
Un projet novateur initié par la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur avec l’aide de L’Etat
Souhaité dès 2016 par la Région, ce centre d’interprétation de haute qualité culturelle et scientifique propose une nouvelle vie à la Villa Méditerranée. En accueillant la réplique de la grotte Cosquer, la Villa restera propriété de la Région. L’équipe de Kleber Rossillon réalisera la réplique et l’exploitera pour le compte de la Région sur les 25 prochaines années. L’Etat, propriétaire de la grotte, de sa documentation et infographie est associé au projet afin de valoriser un patrimoine exceptionnel et de le rendre accessible au plus grand nombre.
Le Centre sera un réceptacle de connaissances inédites de premier plan pour la recherche archéologique, la culture préhistorique et la compréhension de l’urgence climatique contemporaine pour le grand public, ainsi que pour la communauté scientifique internationale. Première mondiale c’est une véritable opportunité pour la Région de rayonner au niveau national et international.
La proximité avec le Mucem fait de la Villa Méditerranée un lieu idéal pour promouvoir la culture du pourtour méditerranéen. Le bâtiment proposera une passerelle dès l’arrivée des visiteurs, à laquelle sera amarré le bateau de la découverte d’Henri Cosquer, cela permettra au bâtiment de retrouver son lien avec la mer.