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Culture, Particulier

Arnaud Prost, un peu plus près des étoiles

Mis à jour le 26 juin 2024

A 31 ans, le marseillais Arnaud Prost est de ceux qui peuvent vous donner des complexes. Polytechnicien, ingénieur d'essai militaire, plongeur, pilote de chasse et astronaute réserviste pour l’agence spatiale européenne, il a l’outrecuidance d’être également très sympathique. Rencontre.

Pouvez-vous nous parler de votre jeunesse à Marseille ?

Effectivement je fais partie des chanceux qui ont grandi à Marseille et j'en garde un excellent souvenir. J’ai grandi à côté de Vaufrèges puis j’ai fait le lycée et les classes préparatoires au lycée Thiers. A côté des études, j’ai beaucoup joué au rugby, au SMUC près du parc Borély et j’ai passé mon temps dans l’eau à faire de la plongée, de la chasse sous-marine, de l’apnée. Je pense que ça a contribué à développer une passion pour l'exploration, pour cette sensation d'être en apesanteur.

L’envie d'être astronaute est-elle aussi arrivée tôt ?

Oui, depuis aussi longtemps que je me souvienne, je voulais être astronaute. J’ai eu la chance d’avoir deux grandes sœurs avec qui je jouais beaucoup, elles fabriquaient des navettes spatiales en carton et je pouvais être pilote, ou plutôt co-pilote ! Mon intérêt pour les sciences n’a fait que croître, je me suis intéressé à la physique, à la cosmologie. Petit à petit, ce rêve d’espace est devenu une ambition professionnelle concrète.

Je garde un souvenir incroyable d’une plongée en scaphandre au large du Frioul.    

Votre première mission s’est faite à Marseille sur le projet Moonwalk, pouvez-vous nous dire de quoi il s’agit ?

Juste après avoir été diplômé de Polytechnique en 2015, j’ai signé un premier contrat avec l’entreprise Comex, spécialisée dans l’ingénierie sous-marine. L’objectif était d’étudier les liens qui existent entre la plongée et l’espace. Avec un scaphandre développé spécialement, nous pouvions simuler une sortie extravéhiculaire dans l’espace et s’entraîner à cet exercice. J’ai eu la chance de pouvoir faire plusieurs essais en bassin puis des plongées en mer. Je garde un souvenir incroyable d’une plongée en scaphandre au large du Frioul.    

Aujourd’hui à la base militaire d’Istres, quelles sont vos missions ?

Je suis ingénieur d'essais en vol sur Rafale, à la Direction générale de l'armement. Nous sommes chargés de tester les nouveaux systèmes et les nouveaux armements pour s’assurer que le rafale, l’avion de combat français le plus récent, corresponde bien aux besoins des forces armées. En dehors des essais sur Rafale, j’ai une double casquette d’ingénieur et de pilote de chasse, ce qui me permet de piloter différents avions selon les missions.

Quelles parties de la région aimez-vous survoler ?

J’ai fait mes débuts à Salon, entre 2016 et 2017. C’est là que j’ai découvert mes premières sensations, au-dessus des Alpilles, du Luberon, de la Camargue. C’était incroyable. Je garde le souvenir de mon premier transit côtier. C’est un itinéraire qui permet de voler au-dessus des calanques, en altitude pour ne pas déranger la biodiversité. C’était magique.

Vous faites partie des astronautes réservistes pour l’agence spatiale européenne. Comment se sont passées les sélections, face aux 23 000 autres candidats ?

C’était une sacrée aventure. La première sélection se faisait sur dossier. Sur les 23 000, 1 300 ont été sélectionnés pour faire des tests psychotechniques, de dextérité, de mémoire, de mathématiques, de physique, d’anglais. Parmi ces 1 300, 400 ont été sélectionnés pour les épreuves psychologiques, qui évaluent la capacité à travailler en équipe, à communiquer, à respecter les autres. Ensuite il y a eu la sélection médicale, une semaine de tests, un entretien face à un panel de personnes des Ressources Humaines, des astronautes, des experts et psychologues pour évaluer notre motivation et notre capacité à résister au stress et enfin un entretien avec le directeur général. C’était super intéressant. A chaque étape, j’ai rencontré les autres candidats qui étaient passionnés et compétents et avec qui je me voyais travailler. Finalement, 17 personnes ont été sélectionnées et j’ai été retenu comme réserviste. L’agence spatiale européenne ne recrute pas d’astronaute pour qui elle n’a pas identifié d’opportunité de vol, elle place donc les astronautes dans une réserve, qui sert de back up si l’un des astronautes décide d’arrêter, ou si de nouvelles missions voient le jour.

Si vous deviez partir, quelle serait votre mission idéale ?

Mes chances de partir sont minces, mais la partie qui m'attire le plus dans une mission spatiale ce sont les sorties extravéhiculaires, en combinaison. Une mission de rêve serait d’aller sur l’ISS et de me retrouver dans l’espace. J’espère aussi être un jour concerné par un vol européen sur la lune. Mais quelle que soit la mission, je serais vraiment très content d’y participer !

Mis à jour le 24 juillet 2024