Chaque année, les centres antipoison enregistrent environ 1 400 cas d’empoisonnement, la plupart en automne, dont 40 à 50 cas sévères et au moins un décès. Et malgré les messages de prévention qui sont relayés par la presse, les réseaux sociaux et les associations ou sociétés régionales de mycologie, ce nombre ne faiblit pas. "Les champignons qui ne sont pas mortels sont susceptibles de provoquer des symptômes de gastro-entérite sévères mais aussi une déshydratation qui peuvent entraîner des complications chez les patients fragiles comme les personnes âgées, les enfants et les femmes enceintes", explique Quentin Albert, Docteur en Pharmacie et Enseignant-chercheur en Mycologie. Il préconise une grande prudence dans la cueillette et appelle à l’humilité : "Si on ne connaît pas, on ne ramasse pas, tout simplement. Ou alors on se forme, mais ça prend du temps et ce n’est pas trop à la mode, les choses qui prennent du temps !"
Et de poursuivre : "Il y a beaucoup d’associations dans la région qui sont très actives et qui recherchent des membres. Dans tous les cas, on ne peut pas se fier aux applications, ni aux astuces de grand-mère du type, « si une limace a mangé un champignon, c’est qu’il est bon ». Même si le nombre d’espèces mortelles est peu élevé (une vingtaine), le risque de confusion est réel. C’est même la principale cause d’intoxication. Et mourir pour une omelette, c’est un peu dommage."
Les pharmaciens sont toujours sollicités pour faire vérifier les récoltes, à condition bien sûr qu’ils y soient formés. Mieux vaut donc les montrer dans une officine à la campagne, dans les Alpes ou le Vaucluse, plutôt qu’en plein centre-ville de Marseille. "Les futurs pharmaciens se forment en fonction du contexte dans lequel ils vont exercer, résume Quentin Albert. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un service gratuit qui engage leur responsabilité."
Reconnaître les champignons nécessite de nombreuses heures de formation et d’observation. Pour identifier les principaux dangers, le docteur Albert nous donne quelques astuces à destination des débutants. Mais ces astuces, aussi pertinentes soient-elles, ne suffisent bien évidemment pas à reconnaître la diversité des espèces de champignons, mais illustrent ce que l’on peut facilement apprendre par la pratique de la mycologie au sein des associations.