Jusqu’au XVIe siècle, les tables européennes proposaient des aliments sensiblement différents de ceux que nous consommons actuellement.
Très schématiquement, les personnes les plus aisées consommaient principalement de la viande de gibier, qu’ils avaient seuls le droit de chasser, et des céréales assorties de fèves ou de pois en tout genre.
La consommation de légumes verts et légumes racines, fromages, porcs, volailles et œufs étaient plutôt sur la table des plus modestes. Leurs repas étaient composés en fait des produits de la ferme. On y retrouvait principalement des carottes, navets, betteraves, salsifis, panais mais aussi des pois, des fèves, des lentilles ainsi que des choux, blettes, épinards, poireaux, salades, ail et oignons et, issus de cueillettes, des champignons et des herbes.
Il a fallu attendre le XVIe siècle pour découvrir des légumes comme les poivrons, les courges, les haricots, les pommes de terre et les tomates, tous originaires d’Amérique du Sud et d'Amérique Centrale.
Depuis, la tomate est devenue, après la pomme de terre, le "fruit-légume" le plus consommé au monde. Et sachez que si les premières exploitations françaises de tomates ont vu le jour du côté Barbentane, Châteaurenard, Mallemort, Marseille et Perpignan, aujourd'hui quelque 850 hectares sont cultivés en Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Origine de la tomate
L’origine des tomates serait située dans les Andes péruviennes où les Incas dégustaient celle qui est considérée comme un fruit et non un légume, à l'état sauvage. Mais les Aztèques en cultivaient plusieurs espèces, de formes et de couleurs différentes. Ils les appelaient " tomatl ".
La tomate arriva sur les rivages européens au XVIe siècle, par l’Espagne et le Portugal. C’est au retour de ces conquistadors du "Nouveau Monde" que l’Europe découvrit notamment les pommes de terre, les haricots, les piments et poivrons, les courges, le maïs, les fraises, le cacao et un fruit jaune produit par les Aztèques. Les Espagnols commencent sans plus attendre la culture de cette variété inconnue dans le sud du pays dès 1530. Puis ce fut au tour de l’Italie qui la découvrit à Naples, alors possession espagnole. Ils appellent ce fruit dorée "pomme d’or", à savoir "pomodoro".
Un fruit diabolique
Les botanistes européens étudient le fruit afin de le répertorier et concluent qu’il s’apparente à la mandragore. Le mot est lâché, la "pomme d’or" est associée à la racine utilisée par les "sorcières". Les peurs et les superstitions vont abonder sur ce fruit "diabolique" dans tout le nord de l’Europe jusqu’à déclarer la tomate "toxique". Seul le sud cultive cette "pomme d’or" qui va, au fil du temps, conquérir notre région... et séduire Catherine de Médicis.
La reine de France apporta la tomate à la cour en 1533 avec d’autres variétés et découvertes comme l’artichaut, le melon et la... fourchette. Mais en ces temps d’obscurantisme culinaire, entre autres, la tomate était cultivée en plante ornementale !
Déclarée comestible à la révolution
S'il fallut attendre près de deux siècles, l'année 1731 plus précisément, pour que le botaniste écossais Philip Miller confère à la tomate l’adjectif "esculentum'"(comestible), c'est grâce à une révolution - la révolution française - que les Parisiens la considèrent comestible. La raison ? Les révolutionnaires du sud du pays en réclamaient dans les auberges. On prétend même que Robespierre en dégustait fréquemment.
Quelques années plus tard, elle partira à la conquête des pays du nord de l’Europe, où on commence à la déguster mais uniquement sous forme de sauce ou de condiment. Il est vrai que les légendes ayant souvent la peau dure et malgré une consommation grandissante, un ouvrage de jardinage de 1815 continue alors de prétendre que la tomate est toujours décrite comme "inutile en cuisine"? Sic !
Enfin, au XIXe siècle, c'est le "Nouveau Monde", dont elle est issue grâce aux colons français et européens, qui s'impose comme un terrain de chasse à privilégier. Précédée par sa mauvaise réputation, ses qualités gastronomiques seront vite reconnues. Les États-Unis la transformeront en ketchup !
In fine, la "pomme d’or" dû attendre près de quatre siècles après son arrivée en Europe pour être appréciée à sa juste valeur. Ce n’est, en effet, qu’au début du XXe siècle qu’elle sera enfin consommée crue et qu’elle rencontrera le succès qu’on lui connaît aujourd'hui.
Les tomates les goûts et couleurs multiples
La plupart des tomates que nous connaissons proviennent de la variété dite "tomate cerise". La culture de la tomate en général est facile car elle s'adapte aux différents types de sol. Récoltée de juillet à septembre, elle peut être plus précoce sous serres.
Elle affiche différentes couleurs - rouge, orange, jaune, verte, rose, noire... - et des saveurs douces et parfumée. De formes très variées - oblongue, ronde, allongée ou encore en forme de cœur- la tomate surprend toujours... à l'image du nom de ses variétés : Cœur de Bœuf, Poire jaune, Saint-Pierre, Ananas, Rose de Berne, Noire de Crimée...
La culture de la tomate
Les tomates poussent sur un terrain plutôt humide et elles ont besoin de chaleur. Il est recommandé de pailler le sol qui entoure le pied afin de préserver l’humidité nécessaire et d’enlever "les gourmands" pour améliorer la qualité de sa récolte. Tutoré, le plant de tomates ne cassera pas sous le poids de ses fruits lourds et savoureux. Pour éviter certaines maladies telles que le mildiou, le cul noir ou encore la verticilliose, la tomate peut s’associer à des capucines qui attirent les pucerons qui délaisseront alors les pieds de tomate, mais également au basilic qui aura une action répulsive sur les pucerons sans oublier l'oeillet d'Inde.
Consommer local et de saison : la garantie du goût !
La grande distribution, par sa volonté de vendre des tomates toute l'année dans ses rayons, a généré les cultures hors-sols résistantes aux maladies et aux transports. Elles ont pris le relais des cultures sous serres pratiquées à grande échelle en Espagne. Des tomates calibrées pour une longévité dans les rayons ont été privilégiées, mais elles étaient pratiquement sans goût. Face à ces dérives industrielles, de petits producteurs et semenciers, encouragés par la demande de plus en plus forte de tomates de qualité ont cultivé d’anciennes variétés qui réapparaissent peu à peu sur les étals. Les chercheurs agronomes les développent afin qu’elles puissent retrouver tout leur goût et continuer à ravir nos palais.
Mais pour retrouver le bon goût des tomates, c’est à chacun d’entre nous d’apprendre à consommer mieux, en privilégiant les tomates locales et en n’achetant des tomates uniquement en saison (de mai à octobre, jamais l’hiver). Et puis pourquoi ne pas essayer d’en cultiver sur votre fenêtre ou balcon.
La tomate super star !
Après quatre siècles d’attente, la tomate est devenue un aliment central de notre alimentation. Cuite ou crue, en soupe, en jus, en sauce ou en ketchup, elle détient la deuxième place des légumes les plus consommés dans le monde après la pomme de terre.