Elles sont issues de milieux différents, ont eu des parcours atypiques et ont évolué dans des univers les plus divers... Mais elles ont toutes trois en commun d'être des passionnées, des pugnaces aptes à déplacer des montagnes malgré leur handicap et surtout elles possèdent des doigts en or. Ce sont justement ces trois talents, qui défendront les couleurs de la Région Sud, lors de ces finales des Worldskills 2025, que nous vous invitons à rencontrer :
Alicia s'est spécialisée dans l'art floral, Celya s'épanouit dans la coiffure et Chloé se réalise dans le petit monde de l'électronique.
- Région Sud - Provence-Alpes-Côte d'Azur
- Actualités
- Worldskills 2025 : découvrez les talents de la Région Sud !

Worldskills 2025 : découvrez les talents de la Région Sud !
Mis à jour le 11 août 2025
Alicia, la passion des fleurs
L’histoire d’Alicia se confond avec un mot : passion. "La passion, c’est une énergie, une flamme… quelque chose qui nous porte, qui nous brûle à l’intérieur ! Je suis habitée par une passion : les fleurs ! Chaque bouquet que je crée est une œuvre dans laquelle je mets beaucoup de moi... Je viens d’avoir vingt ans et ma vie est intense, car j’ai finalement pu me former, et je vais pouvoir faire de cette passion mon métier, avec en plus, l’honneur et la joie de représenter la Région au concours national Worldskills en octobre prochain. Mais que d’obstacles avant d’en arriver-là... "
Souffrant d'un handicap et mal orientée lors de son cursus scolaire, Alicia s'est battue comme une lionne pour suivre la voie qu'elle souhaitait et vivre son rêve. "Si j’accepte de témoigner, c’est justement pour que d’autres jeunes qui ont un handicap réalisent que tout est possible."
L’histoire d’Alicia se confond avec un mot : passion. "La passion, c’est une énergie, une flamme, une force… quelque chose qui nous porte, qui nous brûle à l’intérieur ! Je suis habitée par celle des fleurs ! Chaque bouquet que je crée est une œuvre dans laquelle je mets beaucoup de moi !”
Et de poursuivre : “Je viens d’avoir 20 ans et ma vie est intense car je vais pouvoir faire de cette passion mon métier, avec en plus, l’honneur et la joie de représenter la Région Sud au concours national Worldskills. Mais que d’obstacles avant d’en arriver-là ! J’aurais pu me décourager cent fois. Le handicap a évidemment tout compliqué. Si j’accepte de témoigner, c’est justement pour que d’autres jeunes qui ont un handicap réalisent que c’est possible d’y arriver. J’ai envie qu’ils se disent : j’ai le droit de rêver, moi aussi je peux, je vais y arriver ! “
La passion d’Alicia est un héritage familial. Les souvenirs du jardin de son grand-père, amoureux des fleurs, mais qui n’avait pas pu en faire son métier, à une époque où les orientations étaient souvent contrariées. Adolescente, Alicia noircissait des dizaines de carnets avec des croquis de bouquets. Mais...
"En raison de mon handicap, j’étais en échec scolaire. Non pas que ça ne m’intéressait pas, au contraire, mais ça allait trop vite. L’environnement n’était pas adapté à ma neurodiversité. On m’a alors orientée en classe SEGPA. Cela a été une bonne expérience, qui m’a redonné confiance. Le seul reproche que j’émets, c’est que l’envie et la passion n’entraient pas dans l’équation de l’orientation !” Ses deux stages obligatoires lui ont, en fait, été imposés : cuisine et ébénisterie.
Malgré les refus sur refus essuyés lors de sa recherche de stage chez un fleuriste, Alicia n’a jamais lâché. "J’avais l’impression d’être refoulée de partout ! Entre le COVID, mon étiquette SEGPA et mon handicap, rien n’allait !". Elle en décroche finalement un, mais l’expérience s’avère ratée, voire traumatisante. Elle s’accroche et le second est “un vrai coup de foudre ! Dans cet environnement bienveillant et inclusif, je me suis retrouvée comme un poisson dans l’eau. Les gens voyaient mes réalisations, mon handicap passait au second plan. Ce stage m’a permis de prendre enfin confiance en moi. Il y a eu un avant et un après.”
Mais la suite a vu s’enchaîner les difficultés. Alicia ne pouvant prendre seule les transports, elle est inscrite au lycée professionnel le plus proche de chez elle. Voyant que ça ne lui convenait pas, elle parvient, après deux ans de lutte tout de même, à intégrer un CFA fleuriste très réputé. Avec 15 de moyenne, son talent fait parler d’elle !
Et les Worldskills ? Alicia s’y est inscrite pour ce que cela génère : “La confiance en soi reste le problème numéro 1. En somme, le premier handicap du handicap, c’est que ça nous bousille l’estime de nous-mêmes. C’est pour cette raison que j’ai voulu participer aux Worldskills. Avant toute chose, pour me prouver que je pouvais faire comme les autres. Le jour de l’épreuve régionale, c’était magique ! J’étais stressée, excitée et hyper-concentrée à la fois ! Les 6 heures d’épreuves sont passées très vite, mais les 40 minutes à attendre l’annonce des résultats, ont en revanche été interminables ! Quand j’ai su que j’étais qualifiée pour la finale où je représenterai la Région Sud, j’ai évidemment pleuré… Mais, c’était un des plus beaux jours de ma vie !
“Cette place en finale, je veux la partager avec tous les jeunes en situation de handicap qui se demandent s’ils pourront trouver un métier et leur place dans la société. Je veux leur dire : faites-vous confiance. Aucune orientation ne vous est interdite. Quel que soit votre handicap, ne laissez personne décider pour vous !"
Célya, la bienveillance de la coiffure
Comme Alicia, Célya a dû faire face aux idées préconcues. Désirant oeuvrer dans le monde de la coiffure, on la destine à tout autre chose... En véritable battante et soutenue par sa mère, la Marseillaise a réussi à imposer ses choix et suivre avec succès la formation qui lui permettra d'exercer le métier qu'elle souhaite. "Avec la coiffure, je prends soin des autres et j’en suis particulièrement fière !" Mais au-delà de son épanouissement, Célya veut aussi témoigner à travers son parcours que "les jeunes en situation de handicap ont droit à l’orientation de leur choix. Dans la voie qui nous convient, on peut faire des étincelles ! C’est pour ça que j’attends la finale à Marseille avec impatience !"
Les valeurs qu’elle défend, Célya a dû les imposer. “Jeune et en situation de handicap, j’ai dû faire face aux préjugés. J’ai compris très tôt que le monde est dur. Il y a une grande violence entre les gens et surtout entre jeunes và l’école. Quand je parlais de mon handicap, invisible car il s’agit d’une maladie rare, j’ai eu droit à tout ce que vous pouvez imaginer : les moqueries, la méchanceté… Face à ça, certains me disaient qu’il fallait que je me blinde, que j’apprenne à encaisser les coups et surtout à les rendre, à renoncer à ma sensibilité pour entrer dans la mêlée générale parce que c’est ainsi que va le monde. Je me suis construite en opposition à cette dureté, je me suis construite avec un rêve : défendre d’autres valeurs, à savoir la douceur, l’attention aux autres, la bienveillance aussi et surtout ne jamais juger, car chaque personne a sa beauté, unique, singulière... Et c’est mon métier de la sublimer ! "
Célya, aujourd’hui en deuxième année de CAP Coiffure au lycée professionnel Leau à Marseille, a dû se battre avec force pour en arriver là. "La vie a fait de moi une battante, oui, parce qu’à l’école, j’étais freinée. Avec mon handicap, on me mettait dans une case, qui n’était pas celle de ma passion, la coiffure. Je n’arrivais pas à me faire entendre. Allez savoir pourquoi, on me voyait dans les métiers du ménage ou du pressing. Et sortir d’une case imposée, c’est terrible ! Là encore, les préjugés… Après ceux des enfants dans la cour, ceux des adultes pour mon orientation !
“On disait à ma mère que tel était mon avenir. Fort heureusement, elle m’a soutenue et elle a su se faire entendre. A l’école, elle ne cessait de répéter : “Ma fille fera ce qui la fait rêver, car c’est là qu’elle sera la meilleure ! “ Vous comprenez pourquoi le concours des Worldskills me tient à cœur et que je l’attends avec impatience.
Si Célya admet qu’au début du CAP, c’était un peu compliqué - “Le handicap existe mais, passion oblige, j’ai réussi à m’imposer avec ma singularité” - elle n’en mesure pas moins le chemin parcouru : “La vie est parfois dure, très compliquée. Combien de fois j’ai pensé à renoncer. Et puis j’ai dit : non, j’y crois, je continue et j’y arriverai. Aujourd’hui je réalise que j’ai eu raison, et ça en valait la peine !”
Reconnaissant “s’éclater “, elle ne dédaignerait pas travailler dans l’événementiel. Coiffer des mariées le plus beau jour de leur vie, mais aussi, pourquoi pas, des acteurs et des actrices, car la Région est une terre de cinéma, de culture et de festivals, Cannes en tête, figure parmi ses ambitions. “Monter mon affaire, être indépendante, me faire connaître... ça me fait envie et j’ai confiance en l’avenir !”.
L’épreuve régionale Worldskills a déjà été l’occasion de le prouver, car le chignon de mariée était une des épreuves de la sélection, où Céylia a démontré un immense talent, et “bluffé” le jury !

Chloé, l'électronique au-delà des préjugés
"Il est grand temps de dépasser les préjugés. Même avec un handicap on peut y arriver !" Tel est le crédo de Chloé, qui définit son parcours comme “atypique” en raison de plusieurs réorientations. Mais avec une détermination qui emportera finalement tout. La dyslexie et la dyscalculie dont elle souffre l'oblige à travailler "trois fois plus que les autres". "Je ne voulais rien lâcher" avoue-t-elle en évoquant son chemin de vie qui l'amène à découvrir le monde de l'électronique avec la perspective d'intégrer une école d'ingénieur. "Je suis fière de porter les couleurs de la Région Sud en électronique, non seulement en étant une femme dans un univers qu’on pense masculin, mais aussi parce que j’ai des troubles "dys" dans un univers très technique. A tous les jeunes, je veux dire : Ne vous interdisez rien !"
Chloé, 24 ans, décrit son parcours comme “atypique” en raison de plusieurs réorientations. “Mais, même avec un handicap, explique-t-elle, rien n’est écrit, on peut vivre plusieurs vies ! L’existence est faite d’événements et de nouveaux commencements. Ce qui compte, c’est d’apprendre. Il est grand temps de dépasser les préjugés de chaque expérience, et de savoir saisir les coups de mains qu’on peut trouver sur son chemin.”
Sa scolarité a été marquée par “le besoin de travailler trois fois plus que les autres”, pour compenser les effets de son handicap : la dyslexie et la dyscalculie, qui l’obligeaient à retenir par cœur, par la mémoire visuelle, des mots ou des phrases qu’elle n’aurait pu sinon orthographier spontanément. Si elle obtient de bons résultats dans les matières scientifiques - moins en français où son handicap était pénalisant - elle souffre de devoir déployer tant d’efforts pour apparaître "comme les autres". Décrochant un bac S, elle s’inscrit en médecine, où elle effectue deux ans, en même temps qu’une licence de physique chimie. Puis elle se réoriente vers une prépa sciences de l’ingénieur avant de bifurquer - la prépa s’avérant trop délicate avec un handicap - vers un BUT génie électrique et informatique industrielle (GEII). Et puis… “j’ai intégré le robot-club de Toulon, et là, ça a été la révélation ! Soudain tout mon parcours a pris sens : mon avenir serait dans l’électronique et les cartes embarquées ! On faisait des petits robots qui jouaient au foot, je trouvais ça incroyable, ma passion était née, et elle ne m’a plus quittée ! Excellant dans ce domaine, Chloé finira même 5e aux championnats du monde par équipes de robotique.
“A partir du moment où j’ai trouvé mon projet, j’ai cessé de penser qu’il fallait être comme les autres. La souffrance de travailler énormément pour ce seul but d’un conformisme imposé, a pris fin. J’ai basculé dans le plaisir, celui de travailler encore énormément, certes, mais à présent nourrie et portée par ma passion et plus par obligation ! J’ai alors commencé à changer de regard sur la différence. Car quand on est bien dans sa vie, quand on a trouvé sa voie.”
Depuis deux ans, Chloé effectue son BUT en alternance à la marine nationale à Toulon, où elle s’occupe de maintenir les bâtiments flottants, pilotant notamment leurs capteurs électroniques. Un choix car "l’armée est à la pointe de la technologie. Je peux travailler sur des systèmes qui ne sont pas encore sortis dans le civil, c’est absolument passionnant !”.
Décrivant un univers de travail intégrateur et très ouvert à la diversité, le jeune étudiante affirme : “On pourrait penser qu’étant une jeune femme, dans un domaine pensé comme masculin, et de surcroît dans l’armée, ce serait difficile… c’est tout le contraire ! Je ne me suis jamais sentie aussi bien que durant cette alternance. L’équipe m’a permis de faire de ma différence une force. En effet, mon handicap fait que j’ai une approche différente de la majorité, qui pense d’abord à la théorie et la décline ensuite en pratique. Moi, mes troubles dys me forcent à mettre au second plan l’approche littéraire et à m’appuyer sur la pratique et d’autres sens, comme la mémoire visuelle. L’équipe m’a permis de réaliser que cette différence n’était pas un manque mais au contraire une spécificité dont nous pouvions faire une complémentarité. Alors si on pense que l’armée est un système conformiste et uniforme, c’est un sacré préjugé : depuis deux ans dans cette alternance, je suis entourée de gens convaincus que la diversité des profils est indispensable au succès d’une équipe.”
Forte de cette expérience, Chloé invite à changer de point de vue sur la diversité, notamment celle induite par les handicaps : “On vit dans une société qui ne reconnaît et ne valorise que les approches dominantes, et qui sait très peu valoriser les modes cognitifs spécifiques. Il est grand temps de dépasser ces préjugés. Etre différent ne devait pas être appelé “handicap” : comme le dit la formule, nous sommes tous des exceptions à une norme qui n’existe pas ! Tout n’est qu’un enjeu de points de vue. Selon certains, la théorie est privilégiée, mais si on décentre le regard, la pratique devient première. C’est pareil avec les troubles dys. Bien sûr qu’ils m’ont pénalisée dans ma scolarité, mais si on décentre le regard, ils sont aussi ma force, car ils m’ont conduite à développer d’autres aptitudes. Le monde a tellement besoin de diversité. En mettant à l’épreuve nos capacités à s’adapter, nos différences peuvent devenir une force insoupçonnée !”
Chloé poursuit à présent son rêve : décrocher un diplôme d’ingénieur. Dès la rentrée prochaine, elle intégrera une école d’ingénieur, qu’elle suivra en alternance, à Cuers-Pierrefeu, au sein de l’Atelier industriel de l’aéronautique, qui dépend de l’armée de l’air. "Je voudrais que les Worldskills soient l’étincelle qui fait changer les représentations. Je suis fière de porter les couleurs de la Région Sud en électronique, en étant une femme dans un univers qu’on pense masculin, et parce que j’ai des troubles dys dans un univers très technique. A tous les jeunes de la région qui se sentent différents, ou à toutes les filles qui pensent que certains métiers sont réservés aux garçons, je veux dire : laissez de côté tous ces préjugés, ils sont faux ! Ne vous interdisez rien !”