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Environnement, Particulier

Une (courte) histoire de la Méditerranée

Mis à jour le 21 mai 2025

Le Sud ne serait pas véritablement le Sud sans notre Méditerranée. D’un bleu profond, changeant selon la lumière du jour et les saisons, sa couleur semble contenir toute la mémoire des civilisations qui s’y sont succédé, tissant une histoire commune autour de ses rives. Comment a-t-elle façonné depuis des millénaires l’identité, la culture et les paysages de notre territoire ?

Aux origines était un océan

Il y a environ 250 millions d'années, un vaste océan nommé la Téthys commence à s'ouvrir entre les masses continentales qui formeraient plus tard la Laurasie (au nord) et le Gondwana (au sud). Au fil du temps, le mouvement des plaques tectoniques entraîne la fermeture progressive de cet océan. La collision entre les plaques africaine et eurasienne contribue à la formation de chaînes de montagnes telles que les Alpes et les Pyrénées, tout en isolant des portions de la Téthys, dont la mer Méditerranée actuelle est un vestige.

Environ 5 millions d'années avant notre ère, un événement majeur connu sous le nom de "crise de salinité messinienne" se produit. La fermeture du détroit de Gibraltar, due à la convergence des plaques tectoniques, isole alors la Méditerranée de l'océan Atlantique. Privée d'apports d'eau, la mer s'assèche progressivement, laissant place à une vaste dépression aride recouverte de dépôts de sel pouvant atteindre jusqu'à 2 kilomètres d'épaisseur.

Environ 640 000 ans plus tard, le détroit de Gibraltar se rouvre enfin, permettant à l'océan Atlantique de se déverser massivement dans le bassin méditerranéen asséché. Cet événement, appelé le "déluge zancléen", fut d'une ampleur colossale, avec des débits estimés à environ 100 millions de mètres cubes d'eau par seconde. La Méditerranée s'est ainsi remplie progressivement, redonnant vie à l'écosystème marin. Aujourd'hui, la Méditerranée est une mer de 2,5 millions de km2, bordant trois continents.

Des origines préhistoriques à l’empreinte gréco-romaine

Les premières traces de présence humaine sur le littoral provençal remontent à la préhistoire. La grotte Cosquer, découverte officiellement en 1991 dans les calanques de Marseille, en est un témoignage exceptionnel. Située à 37 mètres sous le niveau actuel de la mer, cette cavité ornée de plus de 500 œuvres pariétales atteste d'une occupation humaine entre environ 33 000 et 19 000 ans avant notre ère, à une époque où le niveau de la mer était bien plus bas qu’aujourd’hui. Le site Cosquer Méditerranée à Marseille, soutenu et financé par la Région, permet aujourd’hui de visiter une reconstitution ultraréaliste de cette grotte chargée d’histoire.

Vers 600 av. J.-C., des Grecs venus de Phocée fondent Massalia (Marseille) dans la calanque du Lacydon. Cette cité devient un centre commercial et culturel majeur, rayonnant sur l’ensemble du bassin méditerranéen. D'autres colonies, comme Nikaïa (Nice), Antipolis (Antibes), Olbia (Hyères) et Athénopolis (golfe de Saint-Tropez), sont établies le long de la côte par les Massaliotes entre le Ve et le IIIe siècle av. J.-C., renforçant l'influence hellénique dans la région. Sous domination romaine, la Provence fait ensuite partie d'une province stratégique, la Gaule Narbonnaise, facilitant les échanges entre Rome et l’Hispanie. Des infrastructures portuaires et un réseau de routes terrestres sont développés, consolidant le rôle de la Méditerranée comme axe commercial essentiel.

La Méditerranée médiévale : carrefour de civilisations et d’échanges

Au Moyen Âge, la Méditerranée demeure un espace d'échanges commerciaux et culturels entre trois grandes civilisations : l'Occident chrétien, le monde islamique et l'Empire byzantin. Les échanges de marchandises, tels que les épices, la soie, les parfums et les pierres précieuses, transitent par les routes maritimes et terrestres, favorisant le développement économique des cités portuaires. Des cités comme Venise et Gênes s'imposent comme des puissances maritimes, établissant des comptoirs commerciaux en Méditerranée orientale pour étendre leur influence.

Ce dynamisme méditerranéen favorise aussi les échanges intellectuels et scientifiques. Les savants arabes, grecs et latins traduisent et diffusent les savoirs antiques dans des domaines comme la médecine, l’astronomie ou les mathématiques. Des centres culturels majeurs, comme Cordoue, Palerme ou Alexandrie deviennent des lieux de transmission du savoir où coexistent parfois plusieurs religions et langues. Cette circulation des idées contribue à l’enrichissement culturel de l’Europe occidentale et prépare le terrain aux grands bouleversements intellectuels de la Renaissance.

De la Renaissance à l’époque moderne

À partir du XVe siècle, la Méditerranée reste un espace stratégique, bien que concurrencée par les routes atlantiques ouvertes par les grandes découvertes. Les puissances européennes, telles que l'Espagne, la France et l'Empire ottoman, se disputent le contrôle des territoires méditerranéens, entraînant des conflits et des alliances fluctuantes. La Provence, intégrée au royaume de France en 1481, devient un territoire clé dans les rivalités franco-espagnoles. Les ports provençaux, comme Marseille, jouent un rôle important dans le commerce et la défense du royaume.

Au fil des siècles, la région connaît des périodes de prospérité et de conflits. La côte, notamment la Côte d'Azur, attire dès la fin du XVIIIe siècle l'aristocratie européenne en quête de douceur hivernale. Des villes comme Nice et Cannes se transforment en stations balnéaires prisées au XIXe siècle, marquant le début de l'ère touristique de la Riviera.

Aujourd’hui, tous gardiens de notre Méditerranée

Face aux menaces qui la fragilisent de nos jours, la Région Sud fait de la protection de la Méditerranée une priorité avec des actions concrètes, comme le programme « Escale Zéro Fumée » lancé en 2019. Ce dispositif vise à réduire la pollution de l’air dans les grands ports (Marseille, Toulon, Nice) en électrifiant les quais et en équipant les navires de filtres à particules. À cela s’ajoutent l'initiative « Ports Propres » avec 73 ports certifiés, la surveillance estivale assurée par la Garde Régionale Marine, ou encore la mise en place de plus de 1200 mouillages écologiques pour préserver les fonds marins.

La Région agit aussi pour protéger les écosystèmes littoraux, notamment les herbiers de posidonies, en soutenant leur gestion durable dans 20 communes. Elle s’engage également dans la lutte contre les déchets plastiques avec une charte "Objectif zéro plastique en 2030" et mène des campagnes citoyennes comme « Nettoyons le Sud » pour renforcer cette mobilisation collective.

Enfin, avec le « Plan Or Bleu », la Région consacre 80 millions d’euros par an jusqu’en 2028 pour préserver la ressource en eau, moderniser les réseaux, tester des technologies innovantes et soutenir les collectivités. À l’échelle méditerranéenne, les « Accords pour une Méditerranée durable » signés le 20 mai 2025 rassemblent les acteurs des deux rives autour d’objectifs communs : lutte contre les pollutions, préservation des habitats marins, développement durable du tourisme, et promotion de la recherche et de l'innovation.

En juin 2025, la Conférence des Nations unies pour les Océans (UNOC) s’installera à Nice, pour sa 3e édition. Ce choix n’est pas un hasard : il consacre l’engagement profond de la Région Sud pour la préservation de la Méditerranée. A cette occasion, la Région tiendra un pavillon commun avec la Métropole Nice Côte d'Azur. Ce stand sera ouvert au grand public du 2 au 13 juin dans l’espace « La Baleine » du Palais des Expositions de Nice.

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Mis à jour le 22 mai 2025