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Particulier, Culture

Dans les coulisses du nouveau Musée Provençal de Château-Gombert

Mis à jour le 07 décembre 2023

A Château-Gombert, le Musée Provençal est le témoin de la vie des provençaux d’autrefois. Maison de village transformée en château, l’ancienne demeure du félibre Jean-Baptiste Julien Pignol est l’écrin d’un musée d’arts et traditions populaires aux collections pléthoriques. En cours de restauration, il rouvrira ses portes au public en 2023. Visite guidée en compagnie d’Alexandre Mahue, spécialiste de l’Histoire de la Provence.

Sur la place du village de Château-Gombert, à deux pas de l’église, tout près de la fontaine, l’entrée du Musée Provençal se fait discrète. Deux dames s’en échappent alors que nous venons à la rencontre d’Alexandre Mahue, son conservateur. Première surprise, cet interlocuteur que nous imaginions les cheveux grisonnants, une montre à gousset à la main, se révèle être un jeune doctorant en Histoire de l’art, baskets aux pieds. Il nous accueille dans un vestibule chargé de tableaux et nous conduit dans un premier salon où trône le buste de Frédéric Mistral, modèle pour tout félibre qui se respecte. Deuxième surprise, cette partie du musée a déjà été restaurée ! Car l’objet de ces travaux colossaux est précisément de faire en sorte que les visiteurs n’y voient que du feu. En franchissant les portes du musée, ils seront transportés en 1928, dans la demeure de Jean-Baptiste Julien Pignol, l’historique propriétaire du lieu. Ils y découvriront une maison marseillaise bourgeoise du début du XXe siècle telle qu’on y vivait et un musée d’art et tradition populaire tel qu’on le concevait à l’époque.

Les 13 desserts continuent d’alimenter le débat

Le premier diorama du musée est certainement l’un des plus populaires. Sur une grande table dressée, habillée des trois nappes, les 13 desserts sont présentés comme après le gros souper. « On croit souvent que les 13 desserts sont globalement provençaux, mais les recherches scientifiques ont montré que cette coutume gourmande était surtout marseillaise, détaille Alexandre Mahue. On y trouvait une variété de desserts qui était conditionnée par votre fortune, votre approvisionnement et la qualité de votre garde-manger. Lorsqu’il s’agit de becs sucrés, on s’accommode toujours ! » Autour de la table, le reste de la visite est aussi l’occasion de parfaire son vocabulaire. Dans un recoin, une souillarde, appelée gatouille, qui est une petite pièce organisée autour d’une pile, donc d’un évier, où l’on retrouve les cuivres, toupins, verseuses et poteries utilitaires, des tians, pots et autres faïences venues d’Aubagne et de la Vallée de l’Huveaune.

Un château d’opérette insoupçonné

Laissant derrière nous une authentique chambre à coucher provençale, nous fonçons vers la prochaine surprise. Ici, le plafond voûté se hisse à 7 mètres de haut et les murs imitent soudainement la pierre de taille. N’importe quel amateur d’histoire et d’architecture s’en arrachera les cheveux. Alexandre Mahue précise : « Cette pièce est l’une des salles d’apparat imaginées par Jean-Baptiste Julien Pignol. C’est tout un château, ou pour ainsi dire un château d’opérette, dans la mesure où il emprunte à pratiquement tous les styles. C’était un homme très éclectique, comme les gens de son temps, qui ne s’embarrassait pas d’une rigueur absolue dans la composition des bâtiments. C'est ce qui explique que vous avez des parties qui sont néo médiévales, néo XVIIe et que vous avez face à vous cette somptueuse cheminée en pierre de taille, qui est censée être une reproduction du Grand Siècle, elle même dans une salle néo-Renaissance. Le goût du pastiche et de l'éclectisme atteint son comble. »

2 500 mètres carrés à explorer

Cette immense pièce fait pour l’instant office de réserve. Divers ustensiles, meubles, objets de culte, santons, faïences, textiles anciens y sont entreposés en attendant de trouver leur place dans les vitrines du musée. 200 caisses ne suffisent pas à contenir la totalité du fond textile, qui comprend des boutis marseillais, des cotons piqués, des indiennes (cotons imprimés) et une vaste collection de vêtements : « nous pourrions reconstituer tout un groupe de visiteurs sous Louis XV sans aucune difficulté », s’amuse le doctorant. Bientôt, les curieux pourront déambuler dans ces pièces, découvrir les dioramas du cabanon et du champ agricole, aller écouter un concert dans le théâtre de plein air, s’étonner de la richesse des collections réunies par Jean-Baptiste Julien Pignol en personne, ou léguées par les familles de la région pour être conservées. Dans ces 2 500 mètres carrés de musée, pas question de sortir les pièces de la réserve au compte-goutte. « Ce n’est pas une clinique d’objets, nous y abordons l’ethnographie comme elle était conçue autrefois, avec un certain goût pour l’accumulation, affirme le doctorant. C’est en observant des séries d’objets que l’on peut exercer son œil, que l’on peut se rendre compte de la dénivellation qui peut exister dans le mobilier, par exemple. C’est comme cela véritablement que l’on peut se forger une connaissance. » Des connaissances, il s’en forgera forcément au Musée Provençal, où toutes les visites sans exception seront accompagnées d’un guide. « Une visite guidée avec un conférencier de talent peut vraiment permettre une interactivité, peut permettre de poser des questions, d'obtenir des réponses, de réfléchir et de rire ensemble. » Il faudra cependant attendre 2023.

Le musée provençal officiellement inauguré le 8 décembre 2023 !
Chaque vendredi et samedi, le rendez-vous est donné devant la façade du musée pour des visites assurées par les guides-conférenciers et bénévoles de l'association des Amis du Musée Provençal. 8000 oeuvres sont à découvrir !

La Région Sud, partenaire du Musée Provençal  

La Région contribue à préserver, transmettre et valoriser l’identité culturelle de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Pour cela, elle s’appuie notamment sur le dispositif « Lieux de conservation des traditions régionales » et participe au fonctionnement de diverses structures. L’Association des œuvres sociales et régionalistes de Château-Gombert est soutenue par la Région Sud depuis plus de 20 ans. Il y a 2 ans, cet accompagnement a évolué pour prendre une dimension plus technique, avec une aide à la réalisation du projet scientifique et culturel du Musée Provençal. L’objectif, réaliser l’inventaire des collections, planifier les besoins de conservation, définir les missions du musée, pour que la réouverture au public reste gravée dans les esprits.

Mis à jour le 24 juillet 2024