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Culture, Particulier, Association

D’où viennent nos santons ?

Mis à jour le 03 janvier 2023

En Provence, la crèche fait partie du rituel de Noël tout comme l’on décore le sapin, les enfants « font la crèche ». Les parents les plus bricoleurs fabriquent l’étable, un village tout entier pour certains…les autres achètent au fil des années les accessoires et les différents personnages haut en couleur qui font partie de ce folklore provençal. Mais d’où vient cette tradition ?

Autant vous dire que le santon en terre argileuse non cuite a été créé à Marseille vers la fin du XVIIIe siècle. N’ayons pas peur d’un certain chauvinisme car, il existe plusieurs thèses sur l’origine des santons tels que nous les connaissons.

L’idée des santons vient d’Italie

Injustement attribué, par une légende tenace, à François d’Assise vers le début du XIIIe siècle, cette reconstitution de la nativité était, au départ, jouée par les villageois devant le parvis des églises depuis des siècles lors de la fête de Noël. Ils offraient une représentation jouée par les fidèles interprétant la naissance de Jésus entouré de Joseph, Marie et les rois mages. Une pratique particulièrement suivie dans le sud de l’Italie, notamment à Naples. C’est précisément là que François d’Assise en aurait vu une, lui inspirant l’idée de fabriquer les trois figurines de la nativité avec de la farine de l’eau et du sel. Les trois Santi Belli* étaient nés. La légende a fait le reste. Il y aurait ajouté l’âne, le bœuf ainsi que les trois Rois Mages. Ce sont tout de même les moines franciscains (ordre créé par François d’Assise) qui introduisirent la crèche en Provence, dès la fin du XVIII siècle.
*le santibelli est devenu un sobriquet marseillais qui définit quelqu’un de stoïque, quelqu’un « qui reste planté là », comme un santon.

Les provençaux ont largement contribué à l’extension des crèches. Leur inspiration se fait de plus en plus sentir dans la réalisation des crèches, et c’est vers la fin du XVII siècle que leur réalisation se démarque des napolitains en adoptant l’argile.Le véritable santon de Provence, en argile non cuite, a été créé à Marseille par Jean-Louis Lagnel (1764-1822), il fut au début concurrencé par les santibelli, d'origine italienne, réalisés en plâtre qui étaient vendus dans les années 1830 par des marchands napolitains dans les rues autour du Vieux-Port.

La Révolution Française conforte les santons de Provence…..

Avec la révolution, les églises deviennent "propriétés de l'état Français" et, en 1793, l'assemblée nationale décide de toutes les fermer pour contrer le pouvoir du clergé qui régentait de nombreux domaines du quotidien. Personnages puissants et influents, les curés détenaient l’instruction dont le commun des mortels était dépourvu. En fermant les églises, les révolutionnaires affaiblissaient leurs pouvoirs. Mais l’histoire et les pratiques profondément ancrées ne s’effacent pas si aisément. La population, profondément religieuse à cette époque, avait pris l'habitude d'aller à l'église pour voir la crèche à Noël. Ne pouvant plus y entrer puisque les églises étaient fermées, ils ont commencé à faire la crèche chez eux, mais en modèle réduit, se cachant car c'était interdit.

Et c'est en Provence que tout a débuté. Les gens réalisaient de tout petits personnages qu'ils pouvaient cacher facilement, car s’ils se faisaient prendre, ils risquaient leurs têtes. Ces petits personnages étaient de petits saints : Joseph, Marie et l'enfant Jésus, d'où l'appellation santons. (Santon = petit saint, santoun en provençal.)

Ces petits personnages étaient confectionnés avec ce qu'on avait sous la main, mais principalement avec de la mie de pain ou du papier mâché. C’est à ce moment-là que Jean Louis Lagnel façonne ses premiers santons en argile, dès 1798. Il réalise une petite crèche qu'il trouva à vendre aussitôt et donc en fabriqua d'autres. C'est ainsi que naquit le métier de santonnier.

Les santonniers et les personnages de la crèche

Avec le temps, les personnages de la crèche ont grandi. On les a habillés et peints. Les santonniers rivalisent de talent et font preuve d’imagination en y ajoutant les personnages du village, les vieux métiers. Le métier de santonnier fait partie intégrante de la vie provençale et de son économie. Les crèches provençales s’exportent avec leurs personnages incontournables comme le pescadou (le poissonnier) bartoumièu (le fainéant) ou lou ravi (le simple d’esprit qui porte bonheur) chaque année, la crèche s’agrandit avec un santon d’un personnage célèbre…l’histoire continue à s’écrire…..

 

Mis à jour le 24 juillet 2024