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Laure-Anne Seytor, la doctorante qui fait bouger les préjugés

Mis à jour le 12 janvier 2023

Laure-Anne Seytor est déterminée à mettre le sport au service du combat contre les préjugés liés au handicap, que ce soit à travers sa thèse ou via son association, le centre azuréen de para taekwondo. Deux fois championne du monde et championne d’Europe de cette discipline, elle s’interroge sur la manière dont le sport peut faire changer le regard sur le handicap. Rencontre.

15% de la population mondiale est concernée par le handicap. En France, de nombreuses personnes subissent des discriminations, particulièrement dans le monde professionnel où le taux de chômage est deux fois plus élevé chez les personnes handicapées. En cause, des stéréotypes.
« Les stéréotypes s’inscrivent dans deux grandes dimensions, la chaleur et la compétence, explique Laure-Anne Seytor. Typiquement, quand je rencontre quelqu'un, je me demande si cette personne est sympathique envers moi et si cette personne est compétente, intelligente. Beaucoup d'études montrent que les personnes en situation de handicap sont perçues comme chaleureuses, sympathiques, mais ne sont pas perçues comme compétentes ». A partir de ce constat, la championne qu’est Laure-Anne s’interroge : est-ce que la pratique sportive modifie le jugement que l’on porte sur une personne handicapée ?

« Dans notre première étude, nous présentions un personnage fictif à un panel de personnes, poursuit Laure-Anne. Ce personnage était soit décrit comme sportif, sportif de haut niveau ou ne pratiquant pas d’activité physique. Les résultats de l'étude montrent que quand la personne est décrite comme sportive, et encore plus quand elle est décrite comme sportive de haut niveau, on la perçoit comme plus compétente, plus intelligente, davantage capable. Je m'appuie sur une méthode expérimentale, avec beaucoup de questionnaires, dans lesquels je change des petites variables pour voir ce qui fait la différence dans les résultats. ». Pour démontrer ce préjugé, Laure-Anne et son équipe réfléchissent à une nouvelle étude. « Nous pouvons questionner cette employabilité en faisant des CV testing. Ce procédé, souvent utilisé pour déceler les discriminations liées à l’ethnie, pourrait être appliqué au handicap. Nous pourrions faire figurer, ou pas, une pratique sportive sur une candidature et mesurer les intentions de recrutement ». L’objectif de ces études est de faire une démonstration qui entraînera une prise de conscience : « nous voulons réduire la discrimination des personnes handicapées et changer le regard sur ces personnes dans les entreprises de tailles réduites, qui ne voudraient pas les employer sous divers prétextes qui ne sont pas prouvés », ajoute Laure-Anne.

Pour lutter contre les discriminations tout en valorisant l’activité physique chez les personnes en situation de handicap, Laure-Anne utilise sa tête et ses muscles : « combiner la psychologie et le sport, travailler sur un sujet que je vis, c’est super motivant ». Avec le centre azuréen de para taekwondo, elle se rend dans les services de rééducation pour initier adultes et enfants en situation de handicap à ce sport et multiple les actions à destination des scolaires et des entreprises. Le but, les faire pratiquer ce sport en les mettant en situation de handicap et faire changer leur regard sur les personnes en situation de handicap.

La Région Sud soutient ses doctorants
Comme Laure-Anne, de nombreux doctorants sont soutenus financièrement par la Région Sud, via le dispositif « jeunes docteurs innovants ». Environnement, santé, sciences humaines, nouvelles technologies, aérospatial : un large panel d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche régionaux bénéficient d’aides pour l’embauche de jeunes docteurs.
Découvrir le dispositif

Mis à jour le 24 juillet 2024