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Culture, Particulier

Les confréries gastronomiques, mordues de terroir

Mis à jour le 24 mai 2023

Depuis le Moyen-Age, les confréries gastronomiques et œnologiques défendent les savoir-faire ancestraux et les productions locales. En Région Sud, où les traditions ont la peau dure, il n’est pas rare de tomber nez-à-nez avec quelques chevaliers et dames d’honneur en costume.

C’est au Moyen-Age, dans la veine des corporations qui structuraient les différents métiers, que les confréries ont vu le jour. Ces associations volontaires de laïcs étaient d’abord tournées vers les métiers de la vigne et du vin avant de s’ouvrir peu à peu à d’autres professions. A l’époque, appartenir à une confrérie comportait une obligation d’assistance mutuelle, d’honnêteté et de solidarité. L’association fonctionnait comme défenseuse des travailleurs et comme une société de charité qui venait en aide aux artisans dans le besoin, finançant mariages, funérailles ou autre cas de force majeure. Avec la révolution, qui a bouleversé l'organisation ancestrale du travail et liquidé les communautés de métier, ces confréries ont disparu. Il faudra attendre que passe la seconde guerre mondiale pour les voir réapparaitre, dans les années 60. 

Rempart contre l’uniformisation des goûts

Aujourd’hui, les missions des confréries ont évolué. Ouvertes à tous ceux qui souhaitent défendre les savoir-faire et recettes traditionnelles pour empêcher qu’elles ne tombent dans l’oubli, elles sont les grandes ambassadrices des produits qu’elles représentent. A travers elles, les spécialités locales sont reines, leur qualité garantie et la culture du territoire joyeusement transmise. Une approche plus que jamais dans l'air du temps, alors que le "consommer local" a le vent en poupe et que de nombreux consommateurs cherchent à renouer avec produits et des personnes authentiques. A grand renfort de folklore, les confréries rivalisent ainsi avec les géants de l’agro-industrie et font des pieds de nez à la triste uniformisation des goûts et des pratiques culinaires. En 2006, une trentaine de confréries du territoire se sont réunies au sein de l’académie des confréries provençales. « L’académie permet de faire circuler les informations et d’organiser le calendrier, pour que les fêtes et les chapitres ne tombent pas au même moment, explique Gérard Pellegrini, le président de l’académie. Il y a environ 300 adhérents en Région Sud, qui mettent en valeur les produits, font des démonstrations au public ou dans les écoles. Nous organisons aussi des échanges avec les confréries italiennes, de Ligurie ou du Piémont. Notre but est de convaincre le plus grand nombre ! » 

Fraise, caillettes, ail ou figues… Demandez le programme !

Les jours de chapitre, une ou plusieurs fois par an, tous les membres de la confrérie se réunissent vêtus de leur costume, sous l’autorité du Grand Maître, pour introniser les nouveaux membres. Chacun aux couleurs du fruit qu’il défend, plutôt vert ou noir pour l’olive, rouge pour la fraise ou jaune pour l’aïet, avec cape, médaille et chapeau. Le costume, ainsi que le diplôme, sont remis lors de l’intronisation des nouveaux membres, qui prêtent serment de défendre et promouvoir leur produit préféré. Ces jours de fête sont aussi l’occasion de partager un bon repas et de participer à une multitude d’animations tout au long de l’année. Dégustations, concours divers et variés, concerts, visites de fermes : chaque confrérie concocte son programme. Les prochains chapitres  à ne pas manquer : la cerise précoce du Luc le 28 mai, la cerise du mont de Venasque le 4 juin, l’ordre de la Caillette du Muy le 25 juin, le melon de Cavaillon le 2 juillet, l’ail de Piolenc le 2 juillet, la Figue de Sollies les 26 et 27 août.

Mis à jour le 24 juillet 2024