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© Crédit photo : Jean-Pierre Garufi
Enseignement, Culture, Etablissement d'enseignement, Jeune

Prix littéraire des lycéens : la sélection dévoilée

Mis à jour le 03 janvier 2023

Depuis 2005, les lycéens et apprentis de la Région se plongent chaque année dans une sélection d’œuvres exigeantes. Lectures, rencontres avec les auteurs, échanges, ateliers artistiques : tout au long de l’année, les jeunes vivent au rythme de la littérature, avant de distinguer les auteurs du prix des lycéens.

Le travail de sélection des 5 romans et 5 bandes-dessinées en lice pour le prix débute en octobre. Le comité, composé de libraires, de bibliothécaires et de professeurs est piloté par Elise Deblaise, responsable du Prix Littéraire pour l’Agence Régionale du Livre : « Faire cette sélection est un travail passionnant. L’objectif est de les faire grandir, de leur donner matière à réflexion, de leur faire découvrir des livres vers lesquels ils ne seraient peut-être pas allés tout seul et de leur proposer des niveaux de lecture, de langage, de graphisme et de narration aussi larges que possible, ce qui est ambitieux avec 5 livres par catégorie ».  

"Ils choisissent des sujets qui remuent, qui font réfléchir, qui suscitent des émotions."

Pour les établissements sélectionnés (on compte généralement 27 lycées et deux maisons d’arrêt), la participation à ce prix marque le début d’une grande aventure. Il y a les moments dédiés à la lecture, bien sûr, mais aussi des ateliers artistiques et plusieurs rencontres avec les auteurs. Chaque établissement accueille dans ses murs un auteur par catégorie. « C’est un jeu de question-réponse pour lequel les élèves préparent beaucoup de choses, des lectures, des dessins, des mises en voix pour accueillir l’auteur et le texte. Cela donne des moments assez forts », détaille Elise Deblaise. La richesse de ces rencontres, dont certaines sont ouvertes au public au sein des bibliothèques, tient aussi à la qualité des ouvrages proposés. « Très régulièrement, on s'entend dire que la sélection est sombre, poursuit la responsable du prix. Mais les auteurs écrivent sur le monde tel qu'il est, avec une démarche littéraire qui fait ressortir des choses profondes. D’ailleurs, les jeunes votent souvent pour les livres les plus graves de la sélection et cette tendance se confirme lors des concours d’écriture. Lorsque nous avions choisi le thème « la vie devant moi », de nombreux jeunes avaient abordé la question de la mort, de la maladie, du suicide. Ils n’ont pas le moral et la période de l’adolescence n’est pas facile. Ils choisissent des sujets qui remuent, qui font réfléchir, qui suscitent des émotions. C’est à partir des émotions que la parole se libère. Ça fédère beaucoup les jeunes. »

Cette année encore, ils auront matière à réfléchir et à échanger avec une nouvelle sélection qui s’adresse tout autant aux lycéens qu’aux lecteurs en recherche d’inspiration.

La sélection de la catégorie romans :

Bel abîme de Yamen Manaï (Elizad)
Le mot d’Elise Deblaine : "Un très beau petit livre qui est un cri de rage d'un jeune adolescent révolté contre son père et contre la société tunisienne, à travers des dialogues avec un policier, son avocat, un médecin."

Blizzard, de Marie Vingtras (L'Olivier)
Le mot d’Elise Deblaine : "C’est un roman qui se lit dans un souffle, qui surprend dès le premier chapitre. Il raconte l’histoire d’une femme qui se promène avec son enfant, en pleine tempête en Alaska. Le blizzard se lève et le temps qu’elle tourne la tête l’enfant a disparu. En de très courts chapitres, le roman raconte la recherche de cet enfant et en creux se dessine petit à petit la personnalité et l'environnement des personnes qui ont gravité autour de cet enfant."

Les Dents de lait, d’Helene Bukowski (Gallmeister)
Le mot d’Elise Deblaine : "c’est un roman qui raconte une situation qui pourrait être la nôtre puisque le climat s'est terriblement réchauffé. Une partie de la population a disparu, les gens vivent isolés, ils sont défiants. Une légende fait courir le bruit que les personnes aux cheveux roux sont porteuses de malédiction. Et un jour arrive à la porte de la maison de l’héroïne une petite fille rousse. Reste alors à savoir si elle va la livrer à la vindicte des autres ou la protéger. C’est un très beau roman."

Maritimes, de Sylvie Tanette (Grasset)
Le mot d’Elise Deblaine : "ce tout petit roman qui est un bijou absolu. Il raconte la vie presque paisible des habitants d’une petite île de pêcheurs, qui font preuve de beaucoup de sagesse et d’intelligence, loin du monde extérieur où un régime totalitaire gronde. Un jeune homme très solaire, très magnifique, fait surface. Il s'adapte parfaitement, est accepté par tous. Et on va finalement s'apercevoir que ce jeune homme se cache."

Ultramarins, de Mariette Navarro (Quidam)
Le mot d’Elise Deblaine : "Un autre petit bijou ! C’est l’histoire d'une jeune femme qui commande un paquebot marchand. Un jour, contre toute attente, elle accepte que ses hommes arrêtent les machines pour se baigner. L’euphorie s’empare des hommes de l’équipage, une forme de vertige, même. A côté de cet énorme paquebot, dans les remous, ils descendent à 20 et remontent à 21. Le mystère commence."

La sélection de la catégorie bandes-dessinées

Écoute, jolie Marcia, de Marcello Quintanilha (ça et là)
Le mot d’Elise Deblaine : "Cette BD raconte l'histoire d'une mère courage dans un bidonville au Brésil. Cette femme, infirmière, élève seule sa fille qui a de très mauvaises fréquentations. Marcia, cette infirmière va essayer de sauver sa fille et il va y avoir quelques heurts. C’est une très belle histoire et un très beau dessin, où la couleur tient une place centrale, il n’y a quasiment pas de traits. C’est un procédé graphique très intéressant."

Jours de sable, d'Aimée de Jongh (Dargaud)
Le mot d’Elise Deblaine : "Cette BD raconte aux Etats-Unis la période du dust bowl avec ces grandes tempêtes de poussière qui ont ruiné des familles de paysans de l’Arkansas. Un jeune reporter new-yorkais est envoyé faire des photos et se prend d’amitié avec ces familles. C’est une très belle BD aux allures de reportage, et très pédagogique."

Le grand vide, de Léa Murawiec (éd. 2024)
Le mot d’Elise Deblaine :  "C’est un 1er album avec un graphisme extrêmement moderne, minimaliste en termes de couleurs et qui va bien parler aux jeunes parce qu’on est dans une période imaginaire ou pour exister il faut avoir une réputation, une visibilité. Les gens payent pour avoir leur nom affiché en devanture des immeubles, sans quoi ils n’existeraient plus."

Le Spectateur, de Théo Grosjean (Soleil)
Le mot d’Elise Deblaine : "Un jeune garçon raconte son histoire à travers ses propres yeux. Cet enfant est né différent. Il n’est pas muet mais il est mutique. Il nous montre ce qu’il vit et ce qu’il voit, raconte sa vie où la différence n’est pas acceptés. C’et une belle BD en noir et bleu."

Lisa et Mohammed : une étudiante, un harki, un secret, deJulien Frey & Mayalen Goust (Futuropolis)
Le mot d’Elise Deblaine : "C’est la BD de facture la plus classique de la sélection. Lisa est étudiante en histoire à la recherche d’un logement, et un copain à elle lui propose une chambre chez son père. Ça permettra au père d’avoir de la compagnie et pour elle de faire des économies. Elle s’intéresse aux harkis et va réussir à la faire parler petit à petit. C’est une belle façon, très sobre, d’aborder ce thème de la guerre l’Algérie ô combien difficile."

Mis à jour le 24 juillet 2024