Le réseau Natura 2000 est un réseau européen de sites naturels destiné à protéger des espèces et des habitats remarquables tout en maintenant des activités socio-économiques.
Les sites Natura 2000 visent une meilleure prise en compte des enjeux de biodiversité dans les activités humaines. Ces sites sont désignés par la Commission Européenne en raison de leur grande valeur patrimoniale pour protéger un certain nombre d’habitats et d’espèces représentatifs de la biodiversité européenne.
Ils peuvent être de 2 types :
- ZPS : Zone de Protection Spéciale (issue de la Directive Oiseau de 1979)
- ZSC : Zone Spéciale de Conservation (issus de la Directive Habitat de 1992)
La région Provence-Alpes-Côte d’Azur abrite plus des deux tiers des espèces végétales françaises, trois quarts des espèces de mammifères et reptiles, de nombreuses espèces d’oiseaux migrateurs et nicheurs et un grand nombre d’espèces endémiques. 30,6 % du territoire est classé en zone Natura 2000. Ces caractéristiques attestent de l’exceptionnelle biodiversité de la région, reconnue au niveau européen et de l’enjeu que représente pour la région le réseau Natura 2000.
La démarche du réseau Natura 2000 privilégie la recherche collective d’une gestion équilibrée et durable des espaces qui tienne compte des préoccupations économiques et sociales :
- les activités humaines et les projets d’infrastructure sont possibles en site Natura 2000. Pour éviter les activités préjudiciables à la biodiversité, les projets susceptibles d’avoir des incidences sur les espèces et habitats protégés doivent être soumis à évaluation préalable ;
- au quotidien, la gestion des sites Natura 2000 relève d’une démarche participative des acteurs du territoire
Le réseau Natura 2000 de la Région Sud a pour ambition de refléter cette richesse et de contribuer à sa protection.
Ainsi, ce sont 129 sites, terrestres, marins ou mixtes, qui ont été sélectionnés sur l’ensemble du territoire.
Un cofinancement européen, par le biais du FEADER en Région Sud, permet d’engager différentes activités en faveur des sites.
Quelques sites emblématiques :
Clarée
Le site Natura 2000 de la « Clarée » se situe au nord-est du département des Hautes-Alpes et couvre trois vallées : la vallée de la Guisane, la vallée de la Clarée et la Vallée Etroite, soit 25 732 ha.
Ce site représente un carrefour bioclimatique entre les Alpes du Sud, les Alpes du Nord et les Alpes piémontaises. Il possède un grand intérêt écologique, notamment grâce à sa superficie significative, son amplitude altitudinale (de 1 350 m à plus de 3 000 mètres) et la variété des situations topographiques, géologiques et microclimatiques rencontrés. Cela représente autant de facteurs favorables à la diversité du monde vivant. Aussi possède-t-il une biodiversité remarquable, tant au niveau des espèces de la flore et de la faune, qu'au niveau des communautés d'espèces, des habitats naturels et des écosystèmes.
En effet :
- Plus de 30 habitats d'intérêt communautaire sont représentés, couvrant près de 90% du site, ce qui en fait un site d'importance majeure pour le réseau Natura 2000.
- Plus de 1000 espèces végétales ont été recensées sur le site dont le Sabot de Vénus, le Dracocéphale d'Autriche et la Reine des Alpes.
- La faune est tout aussi riche avec 400 insectes inventoriés (Damier de la Succise et Écaille chinée) et 15 espèces de chauves-souris détectées, notamment la Barbastelle d’Europe, le Murin à oreilles échancrées et le Petit Murin.
Montagne Sainte Victoire
De par la beauté de ses paysages, la Sainte Victoire est un haut lieu provençal, de réputation internationale. C'est également un territoire présentant une forte richesse biologique. Divers types de milieux sont représentés : falaises et barres rocheuses, éboulis, crêtes dénudées, forêts de feuillus et de conifères, garrigues, petites plaines agricoles, plan d'eau. La mosaïque créée par ces différents milieux offre des conditions très propices à l'avifaune méditerranéenne. Le site est ainsi fréquenté par près de 150 espèces d'oiseaux dont une vingtaine d'espèces présente un intérêt communautaire.
Il accueille plusieurs espèces de grands rapaces, et notamment l'Aigle de Bonelli, l’un des rapaces les plus menacés sur le territoire français mais dont les effectifs, qui se situent quasi exclusivement dans notre région, remontent peu à peu grâce à de nombreuses opérations de suivi et de protection.
Les secteurs très ouverts, dont les pelouses sommitales et les flancs rocheux, accueillent diverses espèces patrimoniales de passereaux pouvant par endroits atteindre de fortes densités. La déprise agricole et le recul du pastoralisme expliquent pour partie que certaines de ces espèces voient leur population très fortement décliner, comme le bruant ortolan, le pipit rousseline, l’alouette lulu, ou encore le traquet oreillard, quasi disparu.
La démarche Natura 2000 prend là tout sens, en instaurant un dialogue entre les acteurs du territoire pour permettre la mise en place de mesures favorables à la biodiversité, notamment par le biais des contrats Natura 2000 et des Mesures Agro-Environnementales et Climatiques (MAEC).
Gorges de la Nesque
Un des sites naturels les plus originaux de Provence, les Gorges de la Nesque est un site grandiose et sauvage allant de Monieux à Méthamis. Ce canyon d’environ 12 kilomètre creusé par la Nesque regorge de paysages variés accueillant une biodiversité remarquable.
Une rarissime espèce endémique vauclusienne, la Nivéole de Fabre est présente. Cette plante, dotée de clochettes blanches et découverte en 1882, ne se trouve qu’aux abords des Gorges. En plus de cette plante, le site dispose d’une large diversité de chiroptères (chauves-souris) et bénéficie de la présence de rapaces dont le Vautour percnoptère.
Les Vallons Obscurs de Nice et de Saint Blaise
Une biodiversité cachée et fragile
Le cœur des collines bordant le fleuve Var abrite des endroits insolites appelés les « vallons obscurs ». Il s’agit d’un système de canyons et de ravins creusés dans une roche particulière : le poudingue. En ces lieux, le contraste avec l’extérieur est saisissant puisqu’il y fait sombre, humide et frais toute l’année. Ces conditions particulières permettent à une végétation montagnarde et subtropicale de se développer tout proche de la mer Méditerranée.
Situés en zone urbaine et périurbaine, ces vallons obscurs forment un abri idéal pour la biodiversité. Les versants et les canyons étroits sont peu accessibles et résistent à l’urbanisation.
Les falaises humides et les cours d’eau créent un microclimat favorable au développement d’une végétation luxuriante. De nombreuses fougères protégées comme le Polystic à dents sétacées ou encore le Ptéris de Crète tapissent les parois verticales.
Plusieurs espèces animales vivent et fréquentent ces vallons et notamment des chauves-souris dont 18 espèces différentes ont pu être recensées. Majestueux, le Hibou Grand-Duc y a également élu domicile.
Ces paysages atypiques alternent avec des milieux plus ouverts où ripisylve et forêt peuvent se développer.
De petite taille (452 ha), les vallons obscurs abritent cependant plus de 900 espèces.
Cette richesse écologique exceptionnelle, étudiée par de nombreux scientifiques et classé Natura 2000, est cependant fragile et peut être menacée par la fréquentation du public.
La démarche Natura 2000 prend là tout sens, en instaurant un dialogue entre les acteurs du territoire pour permettre la mise en place de mesures permettant la préservation des habitats et des espèces naturelles présentes.