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© Olympiade féminine de Monte Carlo, 1921
Sport, Culture, Particulier

La chrono des JO

Mis à jour le 17 février 2023

Depuis que les antiques Jeux Olympiques ont été ramenés à la vie par Pierre de Coubertin à la fin du XIXe siècle, de nombreuses éditions ont marqué l’Histoire autant que les esprits. Retour sur quelques dates phares en attendant 2024 et l’arrivée de cette compétition hors-norme en Région Sud.

Les jeux, au-delà des exploits sportifs auxquels ils donnent lieu, sont aussi une clé de relecture de l’histoire contemporaine. Yvan Gastaut, Maître de conférences à l’UFR STAPS de l’université de Nice, était l’invité des rendez-vous « savoirs partagés » organisés par la Région Sud. Investi dans le projet Territoire et Patrimoine du sport en Région Sud (TEPAS) porté conjointement par la MSH Nice et Aix-Marseille université, et dans l’exposition Histoire, Sport et citoyenneté inscrite dans l’olympiade culturelle, il a profité de sa venue à Marseille pour retracer l’histoire des jeux le temps d’une conférence. Retour sur quelques dates marquantes.

Saint-Louis, 1904 : les jeux anthropologiques

Avant 1912, les Jeux Olympiques se déroulent généralement dans le cadre des expositions universelles. Cette année-là à Saint-Louis, Ota Benga et plusieurs autres pygmées Mbuti sont forcés à participer aux Jeux anthropologiques. L’objectif : prouver la supériorité des blancs à travers une série d’épreuves sportives dont les « étranges compétiteurs » ne connaissent rien. Ota Benga sera raillé pour ses piètres performances puis exposé dans un zoo dans le Bronx. Il se suicidera peu de temps après sa libération, en 1916.  

Stockholm, 1912 : le héros Jean Bouin médaillé

Ce marseillais spécialiste de la course de fond, détenteur de sept records du monde sur différentes distances et durées, remporte en 1912 la médaille d’argent aux Jeux Olympiques de Stockholm. Mobilisé deux ans plus tard lorsqu’éclate la 1re guerre mondiale, il refuse de rester à l’arrière et insiste pour intégrer une unité combattante. Messager, il transmet les courriers entre les lignes de front jusqu’en 29 septembre 1914, date à laquelle il meurt sous les éclats d’obus, à la suite d’une probable erreur de tir de l’artillerie française.

Amsterdam, 1928 : les épreuves d’athlétisme s’ouvrent aux femmes, Ahmed Boughera El Ouafi défie la chronique

Dès 1900, les femmes sont admises aux Jeux Olympiques dans certaines disciplines comme le tennis, la voile, les sports équestres ou le golf. Cependant, Pierre de Coubertin était formellement opposé à la participation des femmes à d’autres épreuves, athlétisme en tête. Son opposante, Alice Milliat, ne l’entend pas de cette oreille et décide d’organiser sa propre compétition avec les olympiades féminines de Monte Carlo en 1912. Malgré les réticences de Coubertin, les femmes seront autorisées à concourir en 1928.     

L’autre événement de ces JO, c’est la seule médaille d’or française, remportée dans la prestigieuse épreuve du marathon par Ahmed Boughera El Ouafi. Né en Algérie, il s’engage dans l’armée française et traverse la Méditerranée pour participer à la Grande Guerre, où il est remarqué pour ses talents d’athlète. Après la guerre, il travaille comme manœuvre chez Renault tout en continuant à courir. En 1928, sa médaille lui vaut des honneurs teintés de colonialisme : le « petit arabe » fait la une des journaux. Après les olympiades, il participe à des compétitions et attractions professionnelles aux Etats-Unis (notamment des courses contre des animaux !) ce qui lui vaudra d’être radié de la Fédération Française d’Athlétisme, qui n’admet pas que les athlètes soient rémunérés. L’athlète Alain Mimoun lui rendra hommage lorsqu’il remportera à son tour cette épreuve vingt-huit ans plus tard.

Berlin, 1936 : l’amitié au temps du nazisme

L’image de l’ouverture de ces JO, sur fond de drapeaux nazis, est restée gravée dans les mémoires. Mais cette édition est aussi le décor d’une belle histoire d’amitié entre Jesse Owens, vainqueur de 4 médailles et véritable pied de nez aux théories sur la supériorité aryenne, et Luz Long, son rival allemand. Les deux hommes s’admirent, s’apprécient, se roulent dans l’herbe et se tombent dans les bras lorsque Jesse Owens pulvérise tous les records avec ses 8,06 mètres.

Helsinki, 1952 : la locomotive tchèque Emil Zatopek

En pleine guerre froide, Emil Zatopek accomplit l’exploit jamais égalé de remporter la médaille d’or sur 5.000 mètres, 10.000 mètres et le marathon. A la fois ouvrier et champion, il est un outil de propagande pour vanter le modèle communiste, le sens de l’effort et du travail. Aux JO, il apparait comme un symbole de paix et de réconciliation. Quelques années plus tard en 1968, il s’oppose au régime en prenant part au printemps de Prague, défendant les droits du peuple tchécoslovaque. Il sera exclu de l’armée, déchu de ses fonctions et forcé de travailler dans une mine d’uranium.

Rome, 1960 : Abebe Bikila, le champion de l’indépendance

A l’endroit même où Mussolini avait prononcé son discours de guerre à l’Ethiopie, Abebe Bikila franchit en vainqueur, pieds nus, la ligne d’arrivée sous l’Arc de Constantin. Il est le premier médaillé olympique de l’Ethiopie indépendante et devient un véritable symbole. Quatre ans plus tard, il s’impose de nouveau aux JO de Tokyo en remportant le marathon en 2 heures, 12 minutes et 11 secondes. Il perd l’usage de ses jambes à la suite d’un accident de voiture en 1969, puis décède en 73, suscitant de vives émotions partout dans le monde.

1968, Mexico : toujours le poing levé

A Mexico en 1968, la nageuse Christine Caron devenait la première femme porte-drapeau de la délégation française, Colette Bresson remportait le 400 mètres sur le fil et la gymnaste tchécoslovaque Vera Caslavska devenait sextuple championne olympique. Cette même année, Dick Fosbury inventait également l’incontournable technique du « fosbury flop » lui valant le titre olympique de saut en hauteur. Mais le moment gravé dans toutes les mémoires, ce sont les poings levés, gantés de noir, de Tommie Smith et John Carlos en signe de contestation.

1972, Munich : la tragédie olympique

Ceux qui devaient être les plus importants jamais organisés en termes d’épreuves et de nombres d’athlètes participant ont été marqué par un terrible attentat. L’organisation terroriste palestinienne Septembre Noir pénètre dans le bâtiment qui abrite la délégation israélienne pour la prendre en otage en échange de la libération de militants palestiniens détenus. Onze athlètes seront tués. Les équipes organisatrices décident néanmoins de poursuivre les épreuves.

1980, Moscou : les JO du boycott

Pour cette première édition des JO en Russie, une cinquantaine de nations, Etats-Unis en tête, décident le boycott à la suite de l'invasion de l'Afghanistan par l'Union soviétique en 1979. Le comité international olympique, fidèle à ses positions apolitiques, refuse le boycottage et maintient la compétition. Ainsi, 15 nations ont concouru sous la bannière olympique. C’est aussi à cette édition que l’on doit la célèbre photo du bras d’honneur du perchiste polonais Wladyslaw Kozakiewicz qui fait d’une pierre deux coups en battant son rival soviétique et le record du monde.

 

Région Sud, 2024 : en route pour les JO !

Terre de sport par excellence, la Région Sud compte plus de 2 millions de pratiquants parmi ses 5 millions d’habitants, avec une culture du sport profondément ancrée dans son identité. Des sports collectifs aux sports d’hiver, en passant par les sports nautiques, la diversité sportive de la Région Sud en fait l’un des territoires les plus dynamiques d’Europe pour la pratique du sport. Elle se prépare à accueillir les jeux : 

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Mis à jour le 24 juillet 2024