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© @Région Sud/Franck Pennant
Agriculture, Environnement, Santé

Les abeilles nous sauvent, sauvons-les !

Mis à jour le 19 mai 2022

Première en France en nombre d’exploitations professionnelles, la Région Sud alerte depuis quelques années sur la raréfaction des abeilles. Indispensables pour notre écosystème, la disparition de cet insecte représente un réel risque pour notre propre survie. Sans abeilles pour butiner, nous n’avons plus de fleurs, de fruits et de légumes sur la planète. Dès lors, il est primordial d’agir pour les protéger.

Une hécatombe alarmante à l’échelle planétaire

Pas moins d’un tiers de l’alimentation mondiale dépendrait de la pollinisation effectuée gratuitement par les abeilles et autres insectes butineurs. Or, ces vingt dernières années ont été les plus meurtrières pour les populations d’abeilles avec des pertes jamais observées auparavant. Nécessaire à la survie, les insectes pollinisateurs sont essentiels à l’équilibre de la flore planétaire.

Les coupables présumés semblent être en premier lieu les insecticides néonicotinoïdes. Mis au point dans les années 80, ces insecticides agissent directement sur le système nerveux des insectes. Les effets sur les abeilles sont démontrés par les chercheurs. A haute dose, il provoque la mort de l’abeille, à faible dose, il affecte ses capacités cognitives. L’abeille ne retrouve pas sa ruche et finit par mourir. Les néonicotinoïdes s’immiscent dans tous les tissus des plantes, y compris dans le pollen et le nectar des fleurs.  En 2013, un moratoire européen suspend l’utilisation de l’insecticide ravageur mais seulement sur quatre cultures. Ces interdictions ciblées ne parviennent pas à enrayer la mortalité des butineuses car la présence de l’insecticide persistent longtemps notamment dans l’eau.

Au-delà des pesticides, certaines pratiques seraient également en cause. Outre les multiples facteurs qui déciment les colonies d'abeilles à travers le monde, l'abeille noire, est confrontée à une course à la rentabilité à court terme qui privilégie l'importation d'abeilles (via l’international) souvent inadaptées à nos territoires. Ce grand brassage international n’est pas sans conséquence sur la qualité et la santé des abeilles. Il favorise évidemment l’introduction et la diffusion à grande échelle de ravageurs et de nouvelles maladies, et il contribue à l’affaiblissement des abeilles.

L’effondrement des populations d’abeilles, domestiques mais aussi sauvages, n’est pas seulement une mauvaise nouvelle pour les amateurs de miel. Un service environnemental que l’Institut national de recherche agronomique (Inra) a évalué à 153 milliards d’euros par an dans le monde.

En Région Sud : la situation en 2022

Avec 165 000 ruches et 4 500 apiculteurs, la filière apicole de la Région Sud produit 2 000 tonnes de miel par an, soit 8% de la production nationale.60% de la distribution du miel local est proposée en vente directe avec des AOP et des labels de qualité qui défendent le miel de bruyère, de romarin, de thym, de châtaigniers et le miel de lavande qui représente la moitié de la production locale.

Pour autant, les abeilles sont aujourd’hui en fort déclin sur le territoire régional.

Les changements climatiques induisent des miellées plus irrégulières et moins abondantes tandis que la pollution et l’utilisation d’insecticides à grande échelle, notamment, peuvent entraîner une baisse de vitalité et de la surmortalité au sein des colonies (une colonie compte environ 40 000 abeilles). Car les abeilles sont non seulement vitales au maintien et au développement de la biodiversité des territoires mais aussi essentielles pour leur développement agricole et rural. Leur raréfaction entraineraient une perte colossale en termes d’agriculture locale.

L’abeille à préserver : Apis mellifera , l’abeille noire

Présente en Europe depuis des millénaires, elle s’est déclinée en plusieurs sous-espèces d’abeilles locales qui ont acquis des capacités inégalées de pollinisation et d’adaptation à l’environnement. Ces qualités font d’elles, les pollinisateurs les plus performants des plantes sauvages ainsi que des cultures. Ce sont ces abeilles qui disparaissent peu à peu. Pour remplacer en urgence des colonies décimées, les apiculteurs ont recours à des importations d’abeilles originaires de pays variés. Celles-ci s’hybrident avec les abeilles locales rescapées, mais créent des nouvelles générations hybrides inadaptées à leurs nouvelles conditions de vie, ce qui accélère encore le déclin des populations. L’extinction de ces abeilles locales signerait la perte de maillons indispensables de nos écosystèmes.

Lionel Garnery, chercheur au CNRS et généticien de l’abeille, aujourd’hui Président de Pollinis a mené des études sur l’Apis mellifera, l’abeille noire endémique d’Europe de l’Ouest. Entre 2004 et 2006, 73 % des abeilles étudiées étaient des abeilles noires avec des « hot spots » à 95 %, contre 27 % d’abeilles hybridées avec des abeilles d’importation. Dix ans plus tard, il ne reste que 11 % d’abeilles locales, toutes les autres étant hybridées.

Une solution à développer:  Pour répondre à cette situation critique, des groupes se sont formés pour défendre ces précieux pollinisateurs. Ils ont créé des conservatoires. Des zones où ils tentent de protéger les abeilles mellifères locales, en élevant des colonies à l’abri des abeilles d’importation. Mais ces conservatoires ne bénéficient d’aucun statut officiel. Seule une loi interdisant l’installation ou la transhumance de colonies non indigènes pourrait avoir de l’impact. (source Pollinis)

Quelques astuces pour protéger les abeilles au quotidien

  • Arrêtez les engrais et pesticides et préférez des techniques naturelles.
  • Aménagez un point d’eau des soucoupes d'eau avec des cailloux pour que les abeilles puissent se poser pour boire.
  • Installer un hôtel à insectes pour protéger les abeilles et pollinisateurs sauvages.
  • Planter des aromatiques au jardin comme sur un balcon, elles attirent les abeilles car mellifère, laisser les fleurir, planter du thym, de l'origan, du basilic, de la menthe, du romarin. Privilégiez les fleurs de couleurs bleues, violettes et vertes : La vision des abeilles leur permet de les percevoir.
  • Consommez du miel pollen, propolis et gelée royale locales pour soutenirles apiculteurs de votre région.
  • Luttez contre les frelons asiatiques construisent des nids sphériques qui sont faciles à identifier et qu'il faut détruire. 10 frelons asiatiques sont suffisants pour détruire une ruche entière.

Pour les plus aventureux, adoptez une ruche! tous les bons conseils sur www.untoitpourlesabeilles.fr

Retrouvez toutes les actions en faveur de la filière apicole et des abeilles avec le Plan Abeilles de la Région Sud

B.MICHEL

Mis à jour le 24 juillet 2024