Comment avez-vous réalisé les recherches sur la grotte Cosquer ?
Pour une découverte de la sorte, il existe trois niveaux d’études :
Le premier nous permet de recenser les œuvres et d’effectuer une description précise de chaque dessin et de la morphologie globale de la grotte. Nous prenons des photos pour appuyer le propos.
Le second niveau nécessite plus de temps, car nous creusons un peu plus et nous essayons de voir au-delà du visible en apposant des lumières particulières qui permettent de faire ressortir des œuvres un peu effacées ou invisibles à l’œil nu.
Avec Jean Courtin, nous avons réalisé deux recherches d’étude et d’analyse à la demande du Ministère de la Culture sur Cosquer à ce jour. Il reste la troisième étape en cours qui concerne les relevés. Une étape très importante qui approfondit les résultats des premières recherches et qui nécessite beaucoup de temps. Pour vous donner un ordre d’idée, ce troisième stade de recherche dure depuis 25 ans pour la grotte Chauvet. Le temps vous semble long entre les différentes étapes, mais ces peintures datent de plusieurs milliers d’années, elles peuvent bien attendre quelques années de plus. Ce troisième niveau de recherche sera pris en main par l’archéologue préhistorien Cyril Montoya qui devrait commencer cette troisième phase cette année.
Ce travail n’a pas été fait dans la grotte Cosquer car son accès reste conditionné à un niveau de plongée conséquent. Il faut être plongeur habilité pour s’y rendre. Elle demeure très difficile d’accès et une grille a été posée à l’entrée du tunnel par mesure de sécurité.
Avec cette difficulté d’accès, comment avez-vous fait pour vous y rendre et procéder aux recherches ?
J’ai dû apprendre à plonger pour la circonstance, grâce à Jean Courtin. Mais je n’ai pas pu m’y rendre tout de suite car entretemps, la grotte Chauvet avait été découverte et j’avais la charge de son expertise. En 2002, lorsque j’ai laissé la direction de Chauvet à Jean-Michel Geneste, Jean Courtin m’a dit : « maintenant, tu dois apprendre à plonger ! ». C’est ce que j’ai fait et je suis même devenu plongeur professionnel, malgré le fait que j’avais largement dépassé la limite d’âge. J’ai fait beaucoup de spéléologie dans ma vie, mais pas de plongée. J’ai appris, et les mesures de sécurité imposaient qu’il y ait un plongeur devant moi et un autre derrière moi.
Durant deux années, j’ai effectué 48 plongées et passé 24 jours dans la grotte et nous avons pu l’étudier méthodiquement.
L’équipe était composée de Jean Courtin et moi-même pour les recherches et de Luc Vanrell qui s’occupait de tous les aspects techniques des plongées. Nous avons d’ailleurs co-signé tous les trois un ouvrage : « Cosquer redécouvert » en 2005 aux Editions du Seuil.