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Particulier, Agriculture

On a testé : la course d’orientation de la Garde Régionale Forestière

Mis à jour le 09 décembre 2022

Chaque année depuis 2018, la Région Sud recrute et forme des jeunes Gardes Forestiers pour prévenir les risques incendies dans ses 9 parcs naturels régionaux. Après plusieurs jours de formation, ils étaient réunis au lycée agricole Valabre à Gardanne pour une ultime épreuve : la course d’orientation. Nous avons infiltré leurs rangs, carte à la main et boussole à la ceinture, à la recherche des balises dispersées dans la colline qui borde le lycée.

8 heures, amphithéâtre du lycée agricole. Sur les bancs, 185 jeunes, studieux malgré l’indéniable atmosphère de colonie de vacances. Tous sont équipés pour le terrain : casquettes vissées sur les têtes, chaussures de randonnées aux pieds, gourdes bien remplies. Dans les rangs, on distingue ceux qui rempilent, ils arborent fièrement l'uniforme de la garde régionale aux couleurs de leur parc. L’équipe encadrante commence par faire l’appel : Sainte-Baume, Lubéron, Alpilles, Mont-Ventoux, Camargue, Verdon, Préalpes d’Azur, Queyras, Baronnies provençales … les mains se lèvent les unes après les autres, tout le monde est au rendez-vous. Ils écoutent attentivement les instructions données par le coordinateur Thierry Huret, ne laissant échapper un murmure collectif qu’à l’annonce de l’heure matinale du petit déjeuner : 7h15. Deux groupes se forment. Le premier partira en salle de classe pour s’entraîner à l’art de la communication. Une grande partie de leur mission consistera à sensibiliser le public, mieux vaut donc être préparé à tous les cas de figure. Pour le 2e groupe, direction la colline pour la course d’orientation.

La brigade du rire

Avant de partir sur les chemins, quelques recommandations essentielles : toujours avoir de l’eau, une trousse de secours, une couverture de survie, une lampe frontale. Si les gardes forestiers se forment à la cartographie, c’est pour pouvoir aller porter secours à d’éventuels marcheurs blessés ou être capable de donner des indications claires aux pompiers en cas de départ de feu.
Des petits groupes se créent. Nous nous greffons à celui du parc naturel régional de la Sainte-Baume, composé de Maëlys, Maxence, Julie, Charles et Romane. Leur nom de code ? La brigade du rire. Ils se connaissent depuis plusieurs semaines, le PNR Sainte-Baume étant le seul à avoir fait commencer ses recrues dès le début du mois de juin. Ils viennent de Toulon, Gémenos, Saint-Maximin, Marseille. Tous sont étudiants dans des domaines liés à la biodiversité, en BTS gestion et protection de la nature, en licence éthique animale ou biologie des organismes et des écosystèmes. Seule Julie, étudiante à Science-Po, fait exception. En un mois, ils ont déjà eu l’occasion de vivre quelques aventures. « Ce n’est pas toujours facile d’aborder le public, notamment pour les dissuader de fumer ! Et puis il y a toujours les locaux qui pensent déjà tout savoir. Mais en général, les gens sont contents de nous voir, détaille Julie. Nous avons vu de tout ! Il a ceux qui fument dans les sous-bois, ceux qui font des câlins aux arbres. Charles est tombé, dans une grotte, sur un groupe de personnes réalisant un étrange rituel en provençal, autour de bougies. Et puis il y a le nudiste de Caramy… ». Des aléas qui font aussi la beauté du métier. Mais trêve de plaisanteries, nous avons du pain sur la planche : 10 balises à retrouver en une heure.

Et au milieu coule une rivière

Nous voilà munis d’une carte et d’une boussole. Avant toute chose, il nous faut prendre des repères : la rivière, la voie ferrée, la piste DFCI (Défense de la forêt française contre les incendies), la falaise, les sentiers dessinés en pointillés. Pour trouver la première balise, nous décidons de longer la rivière. Il fait encore frais aux abords du cours d’eau, où la végétation est dense. Un grand arbre se dresse sur la rive, Maëlys l’observe et marque un temps d’arrêt pour tester les connaissances de ses camarades. Ils se creusent la tête pour essayer de le reconnaitre. C’est finalement une application qui nous donnera la réponse : un orme champêtre. Alors que nous traversons la rivière, les jeunes gardes aperçoivent un barrage. S’ils avaient été en service, ils l’auraient détruit : « ils gênent la circulation des poissons et forment des points d’eau stagnante où les moustiques prolifèrent », explique Charles. Deuxième quiz de Maëlys : il s’agissait d’un érable de Montpellier, reconnu à l’unanimité. Après avoir aisément déniché les premières balises, nous nous dirigeons vers les vignes, puis bifurquons sur un petit sentier pour s’enfoncer dans la colline. Les cigales chantent, des petites gouttes de sueurs commencent à faire briller les fronts. Nous respirons à pleins poumons les parfums de la garrigue. Être garde, c’est aussi contempler la nature. Même pour ces natifs de la région, le territoire renferme bien des secrets. Il faut dire que leur PNR de la Sainte-Baume est vaste : 81 000 hectares ! « Nous avons fait une reconnaissance de terrain à notre arrivée et nous avons découvert tous les recoins du parc, avec des lieux incroyables comme le Latay à Signes, ou les chutes du Caramy à Carcès. Vraiment, tous les coins sont beaux » s’enthousiasme Maxence.

La dure loi de la garde forestière

Notre quête de balises continue. Nous entendons du bruit au loin et ne tardons pas à apercevoir d’autres gardes, eux aussi affectés au PNR Sainte-Baume. Les retrouvailles sont chaleureuses et les taquineries vont bon train. Untel écoute trop Jul, l’autre poste trop de messages sur le Whatsapp du groupe. Une conversation entre collègues où les gourdes en métal remplacent la machine à café, en somme. Le doyen du groupe pointe du doigt les plantes qui l’entourent : ici, un cyste cotonneux. Là, un chêne kermès, un Argelas, un Asparagus. Maëlys a de la concurrence.
Le chemin est maintenant plus escarpé. Attention, celui qui tombe doit préparer un gâteau pour ses camarades, ainsi va la dure loi de la Garde Régionale Forestière. Au-dessus de nos têtes, un aigle passe. Ni une ni deux, Maxence sort ses jumelles. Visiblement mordu de Sainte-Baume, il croit reconnaitre un aigle de Bonelli, dont 3 couples nichent dans le parc. Mais en bon garde, il sort son guide ornithologique pour en avoir le cœur net. Après vérification, il s’agit d’un Circaète Jean-le-Blanc. La 10e balise trouvée, nous rentrons au lycée où nos chemins se séparent. Ce soir, ils dormiront sur place, à l’internat. Puis tout l’été, ils seront au grand air.

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